Inga, origine
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J’aime à penser que la pierre marquée par les hommes de leurs vœux,
Germa de la forêt dans un fruit capiteux,
Que la sève de soleil et de sel nourrie,
Monte jusqu’aux cimes à l’ombre de l’envie,
Que la chair en sillon d’une blonde noirceur,
Tapisse de son entrain la suave saveur.
C’est qu’il est doux de rêver au dessin sur la feuille,
Qui naissait dans le bronze d’une stèle au recueil,
De la nature pétrie d’un désir animal,
D’un volage voyage en volute et spirale,
Trace du passage d’une courbe en brouillon,
Des racines de nos vœux que nous civilisons.
J’aime à penser que l’arbre à pain dans une de ses quêtes,
Et contre toutes attentes colonisa la planète,
Qu’une branche à terre rappela le chemin,
Du parcours de poussières accrochées en son sein,
Où l’exquise senteur de son fruit côtelé,
Battait sur nos papilles tel un cil déroulé.
C’est qu’il est doux de songer aux couleurs du réveil,
Qui défiaient nos ancêtres à l’instant de la veille,
D’une lave ruisselante sur l’espoir fermenté,
Germinait du blé une recette enfumée,
Est-il venu le temps de la vie en nature,
D’oublier notre rang en cette quadrature ?
Claude René Tarrit
Airport
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Ils vont, ils viennent de par le monde,
Et se frôlent dans la ronde,
Entre deux ailes ils se reposent,
C’est alors l’heure de la pause.
À quoi pensent-ils de tout leur être ?
À la guerre au rez-de-chaussée,
À la porte peut être fermée,
À la douleur qui se dissipe,
À leurs enfants émancipés,
À la brume qui s’évapore,
À un homme bleu dans le désert,
À la promesse d’une autre vie,
À l’aube de ton soleil,
À la douceur de ton corps ?
Tu vas, tu viens de par le monde,
Et tes yeux avenants inondent,
D’une apaisante couleur de feu,
La nef enfumée de tes vœux.
Au moins rêves-tu en d’autres mots ?
Aux douaniers amadoués,
Aux sandwichs mal embouchés,
Aux pantoufles de ton chien,
Aux grenouilles unijambistes,
Aux Pères Noëls et leurs traineaux,
Aux Dieux, providence apeurée,
Aux fantômes d’un vergé dénudé,
Au zipper coincé sur ma lèvre,
Aux ardeurs de mon cœur ?
Je vais-je viens de par le monde,
Et te croise dans l’escalier,
Alors je colle sans à propos,
Une affiche en ton égo !
Songes-tu de moi dans l’autre toi ?
À une nymphe à peau ridée,
Au mannequin gaulé chez Dior,
À une mère aux seins pointés,
Au cœur greffé sans son visage,
À une servante éphèbe hellène,
Au marin sans son breuvage,
À Pablo, César, Amadeo,
Au regard qui se méprend,
À cette main que tu me tends ?
Claude René Tarrit
Vignes à Cessenon
80x80cm / huile sur toile
Au loin, les vignes rayent en leurs pieds les Cévennes,
Elles chantent l’automne dans la splendeur de leurs veines,
Les rouges fertiles distillent au soleil l’amour des vins attendus,
Lecteur de prémisses naissantes, piano énoncé de l’enfance,
Musique d’élytres électriques au soir d’une Lune de confiance,
Des vœux de l’ivresse en tes yeux un instant éperdus.
Dans le fleuve là en bas roule en galets sur nos pleurs,
Encensée de joie l’eau froide des montagnes où l’ocre affleure,
Nourrit le désir de l’oubli des matins de velours aperçus,
D’un souffle éthylique, l’Orb rouquin saute de roche en roc,
Marque sans fard de son accent l’extase en pays d’Oc,
Qui signe de fleurs blanches en douceur son vécu.
Claude René Tarrit
Du bureau à Cessenon (vendu)
46x54cm / huile sur toile
Le donjon bégaie, la messe est dite,
C’est l’heure qui passe, en vain passe,
Encerclés de cyprès, enfants de demain,
Lassés de la guerre brisent la muraille,
Sans cesse nous germons,
La ville nait.
L’âne braie, sonne le glas,
Hors du tumulte, raisonne la place,
La bergerie sous le lierre s’efface,
S’y inscrivent libres nos reflets,
Nous allons et venons,
Les murs se lèvent.
Claude René Tarrit
Cariri en Lauragais
60x81cm / huile sur toile
Voyageur sans espace à l’instant de peinture,
De passé en présent, de présent en futur,
Je perturbe les lignes les transposant ailleurs,
Sommes nous là-bas, est-il encore l’heure ?
Assis devant l’image aux reflets de fusain,
Les chemins convergent d’aujourd’hui à demain,
Surgissent de la pierre les vignes du midi,
Est-ce la terre de Lampion, de Bacchus la patrie ?
Le Cariri manifeste en cortège l’ardeur,
Quand le sud saoule son accent de saveur,
Du village en aplat sans relief ni finesse,
Est-ce le donjon qui s’érige ou confesse ?
Je fonds, j’assemble en vestige d’émotion,
Une histoire contée sur un lin d’intuition,
Que le pinceau avive les tons de pastels vifs,
Sommes nous ici ou las du moment inventif ?
Claude René Tarrit
La maison des maîtres
60x81cm / huile sur toile
Abstraites, les ombres alignées traînent sur la grève leurs chaînes,
Qui par l’Éternel embrassent sans trêve les reines africaines.
Des chevilles écorchées d’années de servitude, le sang noir fleurit,
D’outremer suinte l’espoir, égaré du temps de l'honteux pilori.
Alors, les arbres convulsés constellent le ciel d’exotiques senteurs,
Et dans un désert l’espérance altère les voix du labeur.
Cette laborieuse ondée dessinée par l’orage, passé de la mise en bière,
En maigres sillons, abreuvés par les siècles, roule en prières.
De la maison des maîtres vous vous êtes emparés des entraves nouées,
Elles gardent en vos chairs les ténébreux stigmates en tourments exposés.
Claude René Tarrit
Le voyage
60x80cm / huile sur toile
Le voyage des enfants anime en nuage,
L’indolence du temps qui pense,
Les senteurs de terre ailleurs,
L’horizon sans horizon,
La chaleur dénuée de moiteur,
Le salut manchot du mandacaru,
La chanson des roues à l’éclat vermillon.
Les arbres ivresses d’artifices palabrent,
De la pluie qui hésite à séduire la nuit,
De l’eau qui s’enfuit à grand saut,
Du chemin sans lendemain,
De l’heure de penser aux fleurs,
De la ravine couronnée de racines,
Du soleil jauni à l’orée des merveilles.
Claude René Tarrit
La charrette
60x80cm / huile sur toile
La charrette dévale le poussiéreux chemin,
Tapis le Cariri se déroule endormi,
Pas-à-pas l’équipée chante le refrain,
Des Marias, des Lampions, des enfants de la nuit.
De mémoires en méfaits le zébu de corvée,
Entonne d'un grincement la lente mélopée,
Lumière éblouissante véhicule le feu,
La poussière dans l'air les régale de peu.
Vagues silhouettes dans l’obscurité avachies,
Dans l'oasis asséchée se dissipent en lazzis,
Quand la marée fluctue aux frontières désertées,
Viennent les pluies de mars par un grain annoncées.
Claude René Tarrit
Ciel, la marelle
120x70cm / huile sur toile
L’École de la vie entrebâille leurs yeux sur le temps du partage,
Ils courent vers les songes des maîtres griots les formidables sages,
Ignorant les enjeux des chemins de la Terre jusqu’au ciel assemblés,
En carrés arrangée la suite arithmétique croît dépourvue d’objets.
Avançant vers la ville, son pas transpirant de sautillante grâce,
Il module en son dos une éphémère et ondulante trace,
Cristaux de civilisation dépourvus de propos et de combinaisons,
Patchwork schizophrénique, la citée s’emporte pour lui donner raisons.
Claude René Tarrit